“C’est de la contradiction des idées et des forces que vient l’évolution.”
– Danielle Dubé
J’ai longtemps été appelée : « Mademoiselle non-non », surnom dont mon père m’avait affublé en référence à la seule réponse que je donnais vers mes deux-trois ans. Que ce soit pour s’habiller, manger, donner la main dans la rue, mettre ses chaussures, j’opposais en permanence un « non » déterminé. Il y a un âge où les enfants sont les pires contradicteurs. Si nous leur disons quelque chose, ils vont chercher à dire le contraire ou à faire l’inverse de ce que nous avions demandé. Quand mes parents me présentaient mon dessert préféré, je détournais la tête de façon à leur faire comprendre que je n’en voulais pas, ou du moins, pas dans l’immédiat. Mes parents étaient pris au dépourvu. Étonnés et faisant la grimace, ils ne comprenaient pas pourquoi du jour au lendemain, je refusais qu’ils choisissent et décident pour moi. Je commençais à m’affirmer en tant que personne individuelle face à mes parents. C’est en disant systématiquement « non » que je pouvais exprimer mes désirs, différents de ceux de l’adulte. Certains « non » étaient accompagnés de ce qu’on appelle des « crises ». Je pleurais jusqu’aux tremblements et rien ne pouvait me calmer. Mon père, recopiant ce que faisait son oncle dans la même situation, me lança à deux reprises un verre d’eau au visage. Surprise par cette eau froide m’aspergeant tout le visage et une partie de mes vêtements, je cessais de pleurer. Pourtant, mes parents étaient loin de fermer les yeux sur ma désobéissance, et me forçaient à faire les choses citées précédemment contre mon grès. Je ne pouvais pas toujours décider de tout. J’étais encore jeune et j’avais besoin d’être guidée avec douceur et fermeté. Un jour alors que je ne voulais ni sortir de mon bain, ni me mettre en pyjama, mon père s’est proposé pour me sécher et me préparer à aller me coucher. Mais n’obéissant toujours pas et criant des « non » à tue-tête, mon père m’a donné une fessée, la première de mon existence. Ne sachant plus quoi faire pour calmer mes crises, c’est la seule façon qu’il a trouvé et je le comprends. Comment réagit face une enfant incontrôlable, après tout. Je me suis mise à l’écouter, toujours en larmes. Je me suis couchée et j’ai enfoui ma tête dans l’oreiller pour que mes pleurs soient silencieux. Il parait que cette période est normale dans le développement de l’enfant, mais souvent mal vécu par les parents qui imposent des limites trop strictes à l’épanouissement de l’enfant. Il faudrait d’abord écouter l’enfant, savoir si ses « non » sont sensés ou juste pour tester les parents et ensuite poser des règles adaptées à chaque enfant.
©Elly Clark