« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »
– Albert Einstein
Les balades en forêt ont été les seuls moments où je connaissais la joie d’une vie de famille. Nous étions réunis. Je tenais la main de mes parents de chaque côté. Je me sentais apaisée et fière d’être entourée de deux parents. Je reproduisais tous les petits jeux que je voyais faire les autres enfants tenus par les bras. Et hop! En l’air ! Et hop! Par terre! Ce sont ces promenades qui me rendaient la plus heureuse, car je savais qu’au moins elles existaient. Je ne me retenais pas de vivre ces moments intensément, comme si c’était les derniers. Et je n’avais pas tout à fait tord en somme. Car plus je grandissais, moins nous faisions de balades en forêt. Il faut savoir profiter de ces moments que nous offre la vie, savoir reconnaitre la richesse contenue dans de petites choses, si insignifiantes que celles-là puissent paraitre. Ce sont ces moments qui restent gravés dans notre mémoire. Et nous en venons à connaître la définition du bonheur, car le vrai bonheur, c’est aussi se sentir aimé et aimer en retour, tout en gardant une part de liberté. J’ai compris ce que signifiait d’être libre de mes mouvements en ayant enfin accepté de marcher toute seule. Puis, j’ai reçu un beau vélo rouge avec deux petites roulettes amovibles. Il fallait s’entrainer alors nous, mes parents et moi, allions au bois de Vincennes. Une après-midi a suffit pour que je me débarrasse de ces roulettes. Je roulais d’une manière encore un peu instable, mais je roulais toute seule. Quelle fabuleuse sensation de liberté. Et en voilà une de plus. Nous nous allions avec un objet afin de nous transporter et nous déplacer à une vitesse plus grande que nos pas. Nous traversons les rues et les chemins plus vite. Les risques sont plus grands, eux-aussi. « Qui ne tente rien n’a rien » ; la vie c’est aussi prendre des risques. Parfois, il faut se risquer pour avancer ou résoudre un problème. Les solutions ne viennent pas en claquant des doigts. Et nous faisons face à de nouvelles épreuves qui nous apprennent à nous débrouiller tout seul. Nous ne pouvons pas toujours compter sur quelqu’un, et cela est vrai lorsque rien ne va. Nous nous retrouvons seuls face à nous même sans épaule sur laquelle pleurer.
©Elly Clark