« Les gens qui aiment la dispute devraient ne disputer que sur ce qu’ils ne peuvent jamais éclaircir ; alors la dispute serait intéressante, parce qu’elle serait interminable. Mais disputer sur l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, la vie future, etc., ce n’est pas la peine. Il n’y a qu’à attendre. » – Louis de Bonald
Doucement des larmes venues de nulle part tombe sur le carrelage. La lumière me fait mal aux yeux, je l’éteins quelques instants jusqu’à entendre un grincement étrange dans le couloir. Je suis pourtant persuadée d’être seule dans la maison. Je cesse de pleurer, je suis paralysée, immobile. J’écoute s’il n’y aurait pas un autre bruit. Mais rien. Rapidement, j’atteins ma chambre, emmitouflée dans un grand pull qui me tombe jusqu’aux genoux. Je regagne mon lit. Recroquevillée sur moi-même, je me protège de la noirceur de la nuit, de peur qu’elle m’engloutisse. Je me cache sous les couvertures, et j’essaye de dormir, mais je n’ai pas sommeil. Le calme s’approprie la nuit. Ce silence vient à me faire peur. Les prédateurs sont paisiblement tapis dans l’ombre attendant leur proie. Et cette fois, je crois que c’est moi. Je commence à paniquer, que va-t-il se passer? Je finis par me relever. Je sors de mes draps pour me cloitrer dans un coin de la pièce tenant un oreiller au creux de mes bras. Mais un oreiller ne protège de rien. Il n’apporte seulement qu’un peu de douceur dans cette vie cruelle, qui laisse les personnes différentes dans l’indifférence. Plus aucun bruit. J’entends seulement, à chaque respiration, un morceau de tissu qui se déchire. Mes mains emprisonnent et se resserrent lentement autour du coussin. Je me suis toujours demandée s’il y avait une vie après la mort, si l’esprit ou l’âme d’un être vivant survivait. Cette question que beaucoup d’entre nous se posent reste encore sans réponse aujourd’hui. Il n’y a aucune preuve qu’il n’y ait rien après la mort, mais aucune non plus qu’il y ait quelque chose. Chaque personne possède sa propre croyance en une existence après la mort. Dans chacune d’elle, on y retrouve le besoin de se rassurer et d’enlever la peur de mourir. Pour ma part, j’hésite entre deux théories. La première est la suivante ; les âmes se détachent du corps et continuent de vivre dans le monde que nous connaissons aujourd’hui. Elles sont juste invisibles pour l’œil humain. La seconde fait référence au néant. Il ne peut ne rien y avoir du tout. On meurt, notre corps et notre cerveau cessent de fonctionner. Je préfère croire en la première. Cela m’aide à supporter la vie, en me disant que peut-être qu’après quelque chose de plus beau m’attend. Une seconde vie où mon corps se serait plus un désagrément. Les âmes voyageraient sans avoir de difficultés. Nous pourrions avoir accès à tout ce que nous désirons sans le moindre effort. Errer n’est pas une mauvaise chose, cela permet de se retrouver face à soi-même, et à tout ce que nous avons toujours voulu refouler. Et si l’au-delà existait vraiment ? Si le monde avait conscience que quelque chose les attendait après la mort ? Serons-nous plus nombreux à vivre notre vie en grand, ou serions-nous plus nombreux à quitter la vie ? Si ce qui nous attendait était moins cruel, moins difficile, moins contraignant que la vie, choisirons-nous de vivre ou de mourir ?
©Elly Clark