Répondre à : L'amour en étant bipolaire

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Elijah
Invité

Bonjour,

Je me permets de répondre à cette question parce que j’ai moi-même eut une petite amie bipolaire. Ainsi, je peux peut-être faire part de mon expérience au travers de ce témoignage. C’est encore très frais d’en parler et je pense que ça me ferait du bien.
(On est restés plus d’un an ensemble et malheureusement, on a cassé le jour de l’an, cette année.)

Aujourd’hui: j’éprouve une affection profonde pour elle, si bien que même après notre break, j’ai demandé à vouloir rester en contact avec elle. Je suis inquiet vis-à-vis de son état, j’ai peur qu’elle attente à sa vie, et je suis plus rassuré si elle me donne des nouvelles, malgré le fait qu’elle traverse une période de doutes mêlée de haine et de solitude. Elle le dit elle-même: c’est la guerre dans sa tête.
Je ne suis malgré tout pas encore prêt à la lâcher définitivement. J’ai plus de mal à me détacher d’elle que je l’ai eut à faire dans mes précédentes relations. Avant, je me sentais mal et j’y mettais un terme, puis j’oubliais et je me sentais mieux. Là, ce n’est absolument pas le cas.

Ce qu’il s’est passé: Pendant un an, j’ai vécu une belle histoire. J’étais heureux, amoureux, et je me sentais revivre quand je passais du temps avec elle, quand j’étais à ses côtés, quand elle m’embrassait, quand elle prenait ma main. On a eut nos coups durs, mais je croyais un peu naïvement que notre relation était indestructible, parce qu’on a toujours su se relever malgré tout. L’ennui, c’est que ça n’a pas duré aussi longtemps qu’on l’aurait voulu. Peu à peu, je l’ai sentie distante de moi. Elle faisait preuve d’égoïsme et ne me parlait plus de ce qui la tracassait. Quand je lui demandais de venir vers moi si ça n’allait pas, elle acquiesçait sur le moment, mais je n’ai jamais eus de réel retour de sa part. Elle s’enfermait sur elle-même, à la limite de ne pas vouloir me voir ou me parler. Nous avions une relation à distance (1h30 de train nous séparait), ce qui fait que je ne pouvais pas constamment être là pour elle, et elle pour moi. Et puis, malgré le fait que je me sois renseignée sur sa maladie, malgré le fait que j’ai voulu faire tout mon possible pour lui rendre la vie meilleure, rien n’y faisait. On traversait nos propres difficultés chacun de notre côté sans parvenir à se rassurer mutuellement ni même se rendre la vie un peu moins dure. Si cet amour existe toujours de mon côté, je ne sais pas ce qu’il en est d’elle. Elle m’a avoué n’être plus capable de dire « je t’aime », de ne plus rien ressentir, et traverse actuellement une phase sombre de sa vie. C’est à ce moment-là qu’après plusieurs mois durant lesquels j’ai supporté son état, j’ai choisis de poser un ultimatum à notre relation. Je lui ai laissé le choix: soit elle faisait des efforts pour me prouver qu’elle m’aimait, soit elle me lâchait. Elle a choisi de me lâcher, parce qu’elle ne s’en sent plus capable.

Depuis, je le vis très mal. Mon sommeil est trouble, mon appétit absent, et j’attends constamment de ses nouvelles… Comme si je n’assumais pas notre coupure. J’aimerais que ce ne soit qu’une pause dans nos vies respectives, une pause durant laquelle elle se remettrait en état, durant laquelle je ferai de même, et qu’après, on revienne l’un vers l’autre et qu’on se retrouve, mais je ne m’y autorise pas à y croire.

Ce que j’en tire: aimer un ou une bipolaire est une chose possible mais destructrice. Je me suis perdu en voulant l’aider, et cette relation qui était du départ un remède s’est peu à peu transformée en poison. Je suis une personne qui se dédie corps et âme à la personne qu’elle aime, et je me suis oublié moi-même en voulant tout faire pour l’aider à se remettre sur pieds. Je me pensais assez fort pour vivre avec elle, mais je suis beaucoup trop sentimental. L’un comme l’autre n’étions pas capable de nous apporter mutuellement ce que nous avions besoin, ou si, mais pas éternellement. Je pense que pour aimer un ou une bipolaire, il faut savoir garder ses distances, se protéger des crises et surtout ne rien lâcher, mais est-ce que j’en suis moi-même capable ? J’ai bien senti la réponse lorsqu’elle s’est plantée en moi comme un poignard dans l’estomac. Pour moi, c’est malgré tout une grande expérience de vie, et je ne pense pas que je serai capable de l’oublier d’aussi tôt.

Aujourd’hui, je me pose surtout une question: que faire lorsqu’on aime quelqu’un qui ne veut pas être sauvé ?