UNE SECONDE FAMILLE

Une seconde famille - Euphorie & Melancolie

“La famille est un archipel.” – Maurice Chapelan

Une famille de remplacement enseigne les bases de l’éducation à l’enfant qu’elle garde comme le feraient les parents eux-mêmes. Ma tante, qui est aussi ma marraine, et mon oncle ont été cette famille pour moi. Ils m’ont toujours considéré et élevé comme leur propre fille. Mes cousines étaient des sœurs de cœur, mais mes sœurs quand même. Je ne dirais pas qu’ils s’appropriaient le rôle de mes parents, mais ils m’enseignaient des règles que je n’avais pas à la maison. Mettre la table, la débarrasser, ranger sa chambre sont des choses qui paraissent normales dans une éducation saine, mais je ne le faisais pas chez mes parents. A la maison, je devais avant tout me concentrer sur mes études, mes devoirs et les tâches ménagères passaient après. Chez ma tante et mon oncle, j’étais récompensée pour mes bonnes actions. Et même c’était très difficile au départ d’obéir, je me suis résignée à accomplir les tâches quand je me suis rendue compte qu’une récompense n’était pas loin. J’étais aussi recouverte de cadeaux et de gâteries, encore plus que chez moi. Je revenais toujours les mains pleines d’affaires. Mes cousines ont joué un rôle important dans la découverte des activités récréatives. C’est avec elles que je suis allée la première fois à la piscine, que j’ai assisté à un film dans une salle de cinéma et que je me suis amusée à Disneyland Paris. J’ai aussi participé à un concert de ma chanteuse préférée de l’époque. Comme tous les enfants, j’étais passionnée par les animaux, et j’ai pu visiter un parc zoologique en leur compagnie. Je n’en revenais pas. Toutes les activités que je désirais se réalisaient avec elles, avec eux. Mes cousines s’occupaient de moi comme si j’étais une poupée, j’avais le droit à des coiffures complètement déjantées mais qui me caressaient le cuir chevelu. Elles étaient d’une grande douceur avec moi. J’aimais cette famille chaleureuse, accueillante, bienfaisante et protectrice. Je passais toutes les vacances avec cette seconde famille, puisque mes parents trop occupés à travailler ne s’accordaient pas de temps libre. On me prenait souvent en vidéo pour retenir les moments et pouvoir les visionner autant de fois que l’on le voulait. Alors que je me faisais filmer par une de mes cousines, je ne regardais pas où je mettais les pieds à reculons. Je suis tombée dans un rosier. Impossible de me relever toute seule, j’aurais pu vraiment me blesser. Mes vêtements étaient accrochés de partout par des épines. Ma manche était prise dans une branche, mon pantalon au tronc du rosier. Et il y avait ma cousine qui m’admirait en s’esclaffant comme jamais. C’était surement la première fois qu’elle voyait une personne tomber avec une telle surprise et un tel appel de détresse. J’ai du attendre quelques secondes avant qu’elle pose la caméra pour me retirer d’un seul geste du buisson épineux qui me retenait. Je crois que ce souvenir est le plus marrant de tout ceux que je possède de ces années. Jamais, je ne l’oublierai.

©Elly Clark

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