L’AGE DU POURQUOI

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« Courir le monde de toutes les façons possibles, ce n’est pas seulement la découverte des autres, mais c’est d’abord l’exploration de soi-même, l’excitation de se voir agir et réagir. » – Xavier Maniguet

L’enfant désire tout toucher, goûter, voir, écouter et sentir. C’est en développant ses capacités sensorielles qu’il découvre le monde. Mais pas seulement. Vers sa troisième année, il essaye aussi de comprendre les choses qui l’entourent. -« Maman, pourquoi le ciel est-il bleu? » -« Papa, pourquoi les pingouins ne volent-ils pas? » -« Maman, pourquoi les abeilles font-elles du miel? » -« Papa, pourquoi les cactus ont-ils des épines? ». Et cela n’en finissait pas. Du matin au soir, des pourquoi parfois saugrenus, parfois sans réponse fusaient pour n’importe quel sujet. Dès que j’entendais une phrase, je cherchais à l’assimiler. Je passais donc mes journées à poser des questions. Plus j’entrais en interaction avec mon environnement, plus la curiosité qui m’habitait augmentait. Rien ne devait m’échapper. Je ressentais le besoin d’appréhender le monde le mieux possible afin de pouvoir vivre avec. Ainsi, grâce à cet incessant questionnement, j’acquis de nouvelles connaissances. Il faut savoir que les premiers pourquoi sont les vrais pourquoi puisqu’ils expriment l’appétit insatiable de l’enfant à la recherche de nouveaux contacts avec son milieu de vie. Ils visent aussi à mobiliser la parole des parents. Souhaitant la présence permanente de ceux-là, je les questionnais inlassablement pour attirer leur attention. Ce qui, par la suite, me permettait de tester mes parents pour savoir s’ils étaient aussi infaillibles que je l’imaginais. Je m’amusais à les coincer jusqu’à ce qu’ils ne trouvent plus aucune réponse. J’en profitais un peu pour me moquer, je l’avoue. Et comme un pourquoi en appelle un autre, il y a eu un moment où mes parents se sont fatigués à faire des recherches ou à plonger dans leur mémoire pour trouver un moyen de me répondre. Ils ont alors essayé une méthode très efficace; celle de me demander ce que j’en pensais. Je réfléchissais, de ce fait, à la façon de répondre à ma propre question, ce qui n’était pas évident. Quelques fois, j’y passais des heures. Mais débordante d’imagination, j’arrivais toujours à trouver une explication qui me contentait. Puis avec le temps, mes pourquoi sont devenus occasionnels. Je grandissais, et imitais les adultes qui ne se posent plus ce genre de questions. J’optais pour le même comportement que les adultes, emprisonnés dans leur routine. Mais rien de meilleur que la routine pour un enfant. Grâce à elle, il éprouve un sentiment de sécurité et a l’impression de contrôler son quotidien. Il se sent autonome, il n’a plus besoin que ses parents lui disent ce qu’il doit faire, il le sait déjà et se débrouille par lui-même. La routine n’est pas seulement une suite de répétition et d’ennui, elle représente aussi une manière d’aménager du temps pour cultiver son bien-être et sa confiance en soi.

©Elly Clark

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