LE QUESTIONNEMENT

Le questionnement - Euphorie MelancolieJe m’arrête pour déposer ma jeune carcasse sur le sol. L’eau imbibe mes vêtements, je frissonne. Mais luttant contre la froidure, je reste un moment à regarder tout ce qui m’entoure. Une sensation désagréable parcourt ma chair. Allongée, je ne fais plus qu’un avec le sol. J’ai l’impression d’être complètement inutile, de ne contribuer strictement à rien; de n’être qu’une infime particule parmi tant d’autres dans l’Univers. Ayant perdu la vision qu’un Homme possède du monde, j’en viens à concevoir la futilité des Hommes. Que représentent-ils vraiment dans ce monde? Pas même un grain de pollen par leur nihilisme (scepticisme) aux ampleurs considérables, et leur imbécilité qui font d’eux des êtres pour le moins inintéressants. Pourtant certains s’acharnent à étudier la nature humaine, qui n’est pour ma part que source de découvertes majoritairement négatives. Nous vivons sur une terre que nous détruisons quels que soient nos actes, nos gestes, nos projets. Néanmoins, cette terre annihilée (détruite) prend sa revanche et nous anéantie à son tour. Lorsque vient la mort, notre dépouille putride se fait déguster paisiblement par des larves pour disparaitre en poussière. Je me relève, mes jambes tremblent. Finalement, ce ciel qui m’avait tant émue à travers la vitre avait perdu toute sa grandeur. Toute beauté est éphémère et mon admiration pour celle-ci s’était éteinte. Je rejoins ma demeure sans aucune attente, mes jambes me semblent lourdes. A bout de force, je me dirige en direction de la salle de bain. Je me dévête, entassant mes vêtements en un petit tas qui répand de l’eau limoneuse sur le sol. J’aperçois le reflet de mon visage dans le miroir, comme je me sens laide. Ce reflet m’agresse, mon propre visage m’insulte. Je rentre dans la cabine de douche, l’eau coule doucement, j’augmente la température jusqu’à presque me bruler la peau. Cette sensation est si agréable. Cette chaleur envahie toute la pièce d’une buée épaisse qui s’immisce sur le miroir. Celle-ci ne me permet plus discerner les traits de mon visage ni même les courbes de mon corps. Je lève les yeux au ciel, je rêve d’un monde lointain, où la lumière serait absente. Un monde où le fait de vivre ne pèserait plus sur mes épaules. La vie, seulement trois lettres pour un mot contenant des milliards de questions. Pourquoi vis-je? Pourquoi meurs-je? Que fais-je sur cette Terre? Quel est le but? Qui suis-je? Est-ce que ma vie est contrôlée par un destin incontrôlable? Ou alors, par une fatalité qui me fait sombrer chaque jour un peu plus dans la confusion? Tant de questions auxquelles on a du mal à trouver les réponses. On émet des hypothèses, des suppositions, sans pour autant avoir raison. Et puis tant pis si toutes ces interrogations restent des énigmes, je ne possède qu’un seul désir. Celui d’avoir une vie différente, juste un peu plus colorée. Non pas comme celles des contes de fées (je sais que cela n’existe pas), mais au moins une vie dans laquelle je pourrais enlever mon magnifique masque et sourire en toute impunité. Ne pas me cacher derrière de faux-semblants, arrêter de répondre que tout va bien alors que je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit, cesser de me morfondre et enfin ouvrir grand les bras à ce que la vie a à m’offrir. Mais ce n’est pas encore le cas. Je suis bien loin de cela. Tant de choses à résoudre encore.

©Elly Clark.

Nous ne sommes en rien des objets soumis à quelque destin, mais des passagers conscients et mortels, agissant sur cette planète. Nous sommes des dépositaires et passeurs d’expériences, de savoirs, échangeant en projections leurs questionnements, leurs ambitions, leurs idées, rêves et idéaux, leurs luttes et combats pour avancer en résonances, par nos unicités partagées. – Albert Jacquard.

Think Positive

 

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