L’AUTONOMIE

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“L’autonomie consiste à se donner à soi-même envers l’autre une loi, plutôt que de la recevoir de la nature ou d’une autorité extérieure.” – Antoine Spire

Le sens premier de l’autonomie est d’agir par soi-même pour assurer les actes de la vie quotidienne, c’est qu’on appelle l’autonomie psychique. Nous prenons d’abord conscience de nos possibilités physiques. En développant notre autonomie intellectuelle, nous arrivons à prendre du plaisir dans ce que nous faisons, et nous réfléchissons à ce nous voulons vraiment. Il y a aussi l’autonomie affective et relationnelle, synonyme de liberté, nous nous défaisons de notre dépendance aux autres. Nous sommes tous en chemin de l’autonomie, même avant la naissance. Le bébé qui suce son pouce dans le ventre de sa mère fait un premier pas vers l’autonomie. La naissance et le sevrage éloigne la mère et l’enfant qui ne faisaient qu’un auparavant. Ma mère n’a, pourtant, jamais cessé de m’aimer. Bien au contraire, son amour grandissait chaque jour. Nous avons toujours eu une relation fusionnelle. Et malgré les années, le temps n’a jamais brisé le lien qui liait mon coeur au sien. Présente quand j’en avais besoin, elle m’a soutenue à chaque étape de ma vie. Nous n’avions aucun secret l’une pour l’autre. Confidente de mes chagrins, de mes bonheurs, de mes insatisfactions et de mes attentes, elle était ma meilleure amie, ma soeur et ma mère en même temps. Elle me consolait et me remettait d’aplomb. J’admirais ma mère pour son courage et sa détermination. Elle était mon exemple, celui que j’aurais aimé suivre toute ma vie. Elle me comprenait très bien, trop bien peut-être. Je n’avais aucune explication à lui donner. Elle ressentait tout ce que j’éprouvais. Je vivais ce qu’elle endurait. Nous faisions qu’une seule personne comme si je n’étais jamais née. Parfois, un seul regard suffisait pour lui communiquer mes angoisses. Elle décryptait toutes les expressions de mon visage. Il m’était impossible de faire des choix sans lui demander son avis. Je n’avais pas d’identité propre. Même le comportement de mon père me le montrait ; lorsque mes parents ne se parlaient plus pendant une semaine, mon père m’ignorait par la même occasion. Sans le vouloir, cette relation m’a empêché de m’épanouir à mon rythme et de fortifier mon estime de moi-même. Lorsque les enfants en rencontrent d’autres dans la rue, ils s’écartent de leur mère pour signifier : « Regarde comme je suis grand. ». Moi, je faisais le contraire. Je me réfugiais dans les jupons de ma mère et lui serrais la main de toutes mes forces. J’avais l’impression de ne pas exister sans elle, de n’être rien qu’un tas de chair sans personnalité. Elle était moi. Et j’étais elle. En plus de cela, même quand j’étais petite, nous nous ressemblions en plusieurs points: les mêmes yeux, les mêmes cheveux, les mêmes traits de visage… Telle mère telle fille, dit-on. Ce ne pouvait être plus vrai. J’ai mis longtemps avant de me créer une vie intérieure riche et stable, et je ne suis pas certaine d’avoir complètement terminé.

©Elly Clark

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