LA BAGARRE

La bagarre - EuphorieMelancolie

“Une maman, c’est celle qui gronde mais qui pardonne tout.” – Jean Gastaldi

Son petit nez blanc et ses petites chaussettes blanches lui donnaient tout son charme, surtout que tout le reste de son pelage était tigré. Mon chat venait souvent dormir dans ma chambre. Sauf que cette fois-ci, il n’a pas voulu se lever alors que je devais me rentre au lycée. Je l’ai donc laissé se reposer sur mon lit, ou le fauteuil comme il le faisait à son habitude. J’étais persuadée qu’un de mes parents allait le sortir dans la journée. Huit heures enfermé dans une pièce, le pauvre chat ne savait plus où donner de la tête pour faire ses besoins. Je n’avais pas prévu de litière. Lorsque j’ai demandé à mes parents si mon chat avait été sorti et que la réponse fut négative, j’ai grimpé les escaliers deux par deux pour contempler les dégâts. Personne ne lui a ouvert la porte, il est resté cloitré entre quatre murs toute une journée. Déjà énervée par ma journée de cours, nous étions tous à fleurs de peau, ma mère autant que mon père. J’ai ordonné à ma mère de nettoyer les crottes du chat sans aucune formule de politesse, ce qui lui a fortement déplu. Elle m’a attrapé par les cheveux pour me conduire jusqu’à l’évier où j’ai attrapé la première chose à ma portée : une cuillère. Je lui ai donné un coup. A partir de ce moment, tout s’est enchainé à une vitesse incroyable. Nous nous tirions mutuellement les cheveux, des coups de poings fusaient de droite et de gauche, de plus en plus de violence. Nous nous sommes retrouvées sur le sol à nous débattre, l’une ne voulant pas lâcher l’autre. C’était un vrai combat. J’ai trouvé en moi une force insoupçonnée, ma mère avait du mal à me résister. Je lui griffais le visage, lui arrachais des cheveux par poignée, et l’agrippais de toutes mes forces. Juste après la bagarre, elle avait déjà un oeil au beurre noir. Son visage était martyrisé, mutilé, je dirais même. Je me suis enfuie dans ma chambre où mon père m’a rattrapé alors que j’avais entrepris de nettoyer les saletés faites par mon chat. Il m’a mis deux baffes, et quand j’y pense, j’aurais mérité bien plus que cela. Mais je courrais dans tous les sens pour échapper à son emprise. J’ai dévalé les escaliers, j’ai pris mon vélo et je suis partie en ville, à huit kilomètres. J’ai eu l’occasion de revoir une amie, et lui raconter tout ce qu’il s’était passé. J’étais encore sous le choc. Je me suis rendue aussi à l’Eglise pour prier et me confesser sur de mon comportement brutal. Inquiets de ne pas avoir de mes nouvelles à la tombée de la nuit, mes parents m’ont appelé. Complètement perdue dans mes pensées, j’ai répondu et ils sont venus me chercher sur le parking d’un supermarché. Il ne faisait pas froid dehors et l’attente n’a pas été longue. Je ne sais pas si l’esprit en lequel je croyais m’a pardonné, mais ma mère l’a fait. Nous avons eu une longue discussion suite à cette dangereuse bagarre où nous aurions pu nous blesser gravement. Je me suis excusée en larmes, et elle aussi. Nous n’agissions jamais comme cela auparavant. J’ai eu une réaction de défense excessive. Maintenant, nous avons fait une croix sur ce combat, même si certaines séquelles psychiques demeurent et resteront gravé au fond de notre mémoire.

©Elly Clark

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