LA CIGARETTE

La cigarette - EuphorieMelancolie

“Chaque fois que tu allumeras une cigarette, médite. Ou bien tu fumeras moins, ou bien tu vas beaucoup méditer.”

– Louise Leblanc

C’est à l’âge de quinze ans que la cigarette, la drogue et l’alcool sont entrés dans ma vie. Sans retenue, je les ai testé l’un après l’autre. Commençons par la cigarette. Je ne comprenais pas l’interdiction de mes parents, qui en étaient tous les deux de grands consommateurs. Je ne connaissais pas l’effet de la nicotine sur mon cerveau, et dans mes veines. Je ne connaissais pas non plus l’odeur du tabac froid sur mes vêtements, et les dents qui jaunissent. Je n’avais pas encore l’habitude de prendre une cigarette comme occupation à chaque fois que je m’ennuyais. Je ne connaissais pas non plus cette sensation de manque qui te tape sur les nerfs et qui te force à fumer plusieurs cigarettes à la suite, pour finalement te faire soupirer de plaisir. Je n’ai pas été entraînée par des amis. Je n’ai pas non plus voulu avoir du style. J’avais simplement un esprit de contradiction, toujours cette envie de se révolter contre les interdictions que nous met le monde sous le nez. Je voulais juste essayer ce qui était à ma portée, néfaste ou pas. Un soir, je me suis lancée. Je me suis assise sur le rebord de la fenêtre, et je l’ai allumé. Je n’osais prendre une bouffée, je la regardais se consumer doucement. La fumée s’échappait lentement par la fenêtre, attirée par le vent et se dissipant. Une odeur âcre et tenace envahissait la pièce. Après quelques secondes, je déposai mes lèvres sur la cigarette, et pris une grande inspiration. J’ai recraché toute la fumée dans une toux forte, et incessante. Le goût était tellement amer. La fumée me brûlait le palais. J’avais les yeux larmoyants. J’ai réessayé. Et cette fois-ci, je n’ai pris qu’une minuscule bouffée. Quelle étrange sensation que celle de sentir la fumée parcourir sa gorge et s’incruster dans ses bronches ! Je n’arrivais pas à me concentrer assez pour ne pas tousser. Mais je n’ai pas lâché prise. J’ai essayé d’inspirer par bouffées, de plus en plus petites, jusqu’à réussir à expirer la fumée en une nuée grisâtre et légère. Ce qui devait arriver, arriva. Je suis rapidement et stupidement devenue accro. Je ne comptais même plus les cigarettes que j’enchainais comme si ce n’était que de vulgaires mouchoirs pendant un rhume. J’avais besoin de sentir cette fumée remplir mes poumons. Cette sensation autrefois désagréable était devenue enivrante et synonyme de bien-être. Tous les moments me semblaient opportuns pour en allumer une. Une, deux, trois, quatre, cinq, et puis je me suis arrêtée de les compter. Entre les paquets que j’achetais, et les « cigarettes-tubes* » que je prenais dans la réserve de mes parents, il y en avait tellement. J’ai complètement cessé le sport ; fini l’escalade, fini le cross, fini l’athlétisme, fini l’équitation. La cigarette encombrait mes poumons. Les crises d’asthme devenaient de plus en plus fréquentes. Je me sentais inapte à continuer les entrainements. Lorsque je commençais à courir, je ne tenais plus un quart de ce que j’étais capable de faire avant. Mon professeur de sport qui m’avait soutenu pendant tout le collège ne comprenait pas ce qu’il m’arrivait. Ce n’était pas des histoires, la cigarette est une nuisance dont tout le monde connaît l’existence. L’odeur imprégnait mes vêtements et tous les tissus qui ont été en contact avec elle. Je ne pouvais pas me délivrer d’elle et je n’en avais pas la moindre envie. Cigarette, quand tu nous tiens…

©Elly Clark.

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